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"Biblio. LES BOIS DE SPA, édit. du Musée de la vie Wallonne, Liège 1967". L'avenir du Bois de Spa est-il de suivre les modes des publics ou des créateurs ? Des objets incrustés aux objets peints, quel parcours a effectué cet artisanat. Quelle(s) mode(s), quelle(s) valeur(s) offrir pour apporter un regain avec un souffle d'art représentatif de notre société d'aujourd'hui ?...à méditer. Rédaction Brigitte Delporte

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Dé à coudre (A.Maron), porte-lettres (A.Maron)-col.privée, Boucles Oreilles (Manufacture). Chaque coquetier a été décoré par mes collègues de peinture.

Brigitte Delporte, artiste, décoratrice-peintre & enseignante.

Transmissions de Savoirs.

Mes textes d'archives, rédaction française  1985.

Le bois de Spa naquit au XVIIème siècle. Il trouve son succès par la découverte d'eaux de sources aux propriétés particulières, l'eau ferrugineuse. Le thermalisme prit de l'expansion pour accueillir les curistes ainsi que ceux voulant profiter de cette ville balnéaire pour s'y reposer.

Pour satisfaire ces promeneurs, des cannes en bois de Spa furent fabriquées. On les appelait à l'époque "tripède". Ils ne sortaient pas sans leur gobelet, leur cadran de buveurs d'eau et de leur bonbonnière appelée "orangette" ou "bergamote".

Cette vogue se soumit aux modes, tels que les incrustations, d'origine persane, indienne ou arabe, sous l'époque de Louis XIV (1638-1715).

A la fin du XVIIèmeme siècle, Paris est influencé par l'art chinois et les artistes spadois s'en inspireront également. Ils iront jusqu'à rechercher la technique de laques de chine. La vogue chinoise durera tout le 18ème siècle et plus. Les boîtes à quadrille apparaissent pour la première fois, (jeu plus ou moins l'ancêtre du bridge).

Au XVIIIème siècle, Spa devient "la maison de campagne du beau monde", c'est l'apogée du bois de Spa et le commerce des eaux s'agrandit principalement vers l'Angleterre. La monochromie naît (encre de chine), peinture en camaïeu, lavis... . La vogue de la peinture flamande fait son apparition. Les artistes locaux s'offent plus de fantaisies dans leurs motifs et imitent le bois, le marbre, le cuir. C'est l'époque où le terme de "bobelin" remplace le mot "curiste". Terme utilisé par les paysans pour traduire leurs contrariétés de se voir envahi par des étrangers. Cette appelation injurieuse au départ deviendra un titre de gloire pour le curiste.

D'autres styles ensuite apparaissent, le rococo de 1710 à 1760 environ. Le néo-classique ensuite jusqu'à la révolution française, 1789 ou les bobelins abandonnent la ville. Mais le bois de Spa continue. Les thèmes mythologiques et des coffrets représentant l'histoire antique naissent.

Au XIXème siècle, le romantisme, le réalisme et l'impressionnisme offrent aux artistes de nouvelles possibilités de décorations. L'apparition de la gouache mariée avec la couleur du bois, légèrement vernie, permettent des sujets en quadrichromie. Les objets peints à l'huile par contre restent des exceptions. Malgré la révolution de 1830, les bois de spa restent célèbres et s'ornent de vues spadoises typiques. Les boîtes en forme de "tombeau" font leur apparition. Des reproductions d'oeuvres de peintres connus tels que Delacroix, Teniers..., les sujets animaliers se développent.

L'utilisation du hêtre comme matériau principal se remplace progresssivement par l'érable et le platane. La technique du placage d'érable moucheté, de loupe d'érable et de thuya s'amorce.

Au début du XXème siècle, le bois de Spa gris apparaît: Nos peintres décorent à même le bois. Le platane, l'érable et parfois le bouleau sont trempés dans de l'eau ferrugineuse. Elle est mélangée à du bois de Campêche et au bout de quelques mois, ce bois prend une teinte bistrée. (selon la méthode de fabrication de l'objet, il est trempé avant ou après). Le décorateur peut alors peindre son motif et comme la plupart des pièces étaient faites à la gouache, l'artiste a recours au vernissage et au polissage pour obtenir un fini savoureux et extrêmement doux au toucher.

Malheureusement, les sujets se banalisent, les sempiternelles bruyères et linaigrettes se retrouvent dans la plupart des objets. L'originalité se fait rare. L'artiste cherche à séduire le touriste et oublie les courants artistiques qui ont été sa richesse pendant trois siècles. Où sont les périodes art nouveau, art déco, abstraction, surréalisme, abstraits lyriques ... . Quelques essais sont tentés mais le public les boudent.

Aux environs de 1920-1930, deux écoles s'opposent. Celle du naturalisme-fleurs....et l'autre qui reste inscrite dans le passé et traduit des paysages ou les sources spadoises d'après des gravures anciennes.

Peindre ces sources comme elles sont aujourd'hui, serait un bel avenir pour le bois de Spa ou peindre tout simplement selon son coeur en évitant de vouloir peindre ces merveilleuses miniatures pour "s'arrondir des fins de mois".

Ma propre expérience et mes rencontres avec Alexis Maron, ébeniste en bois de Spa de longue date m'ont permis de vous montrer un artisanat plein de séduction qui tente de tenir dans une société ou la robotisation et le matérialisme (temps-argent) sont rois.

Ce bref historique a été réalisé avec l'aide de la documentation disponible au Musée de la Ville d'Eaux 1984-1985 accompagné de mes visites, ainsi que des extraits également tirés du livre: "Une industrie d'art de ma vallée" par G.Barzin.

Vocabulaire:

Bois de Campêche: nom donné à un bois dur, riche en tanin, qui provient d'un arbre d'Amérique tropicale (centrale, latine, mexicaine), et qui fournit une matières colorante. Il était surtout utilisé par les teinturiers.

Le tournage: (obligatoirement rond), on enlève des parties du bois (creusage). Dans ce cas, au niveau du trempage, pour une petite pièce, bloc trempé avant tournage, tandis que pour une grande bonbonnière le trempage est effectué après le tournage pour un gain de temps (couvercle et fond séparé, même pendant le séchage). Travail de réajustage après par redisposition sur le tour. Le façonnage: bois oval, pièces rectangulaires, assemblage en plusieurs parties, ajout de bois (utilisation du collage). Certaines pièces sont faites à la scie à ruban, comme les broches, puis retravaillées aux ciseaux et à la lime pour le bombage.